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A l'Ouest, rien de nouveau?

La Champagne: 1915; Verdun: 1916; la Somme: 1916..... Et pour 1917? Evidemment, le Chemin des Dames mais c'est un peu l'arbre qui cache la forêt car on ne peut résumer ces douze mois de guerre à cette seule bataille. Le front, sur des centaines de kilomètres reste avide de sang. La mort rôde  partout.

 

 JOSEPH LECLERC est le premier de Bédée à "tomber au champ d'honneur" et bien loin du Chemin des Dames. Nous sommes en Meurthe et Moselle, au coeur d'un hiver exceptionnellement froid; notre bédéen est  brigadier au 28è Régiment d'artillerie; le 31 janvier, il   est grièvement blessé et évacué en urgence : ses membres inférieurs ont été déchiquetés par des éclats d'obus ; à l'hôpital mixte de Baccarat, les médecins décident de l'amputer pour le sauver. En vain. Une nouvelle fois, le tocsin sonne à Bédée.

 

LA CHAMPAGNE, encore et toujours !

 

Ce secteur n'a jamais retrouvé le calme depuis les grandes offensives de 1915. En 1917, il est marqué profondément par La Bataille des Monts (que nous avons choisie de traiter avec celle du Chemin des Dames) et les poilus gardent toujours cette peur au ventre face à un ennemi toujours à l'affût de la moindre faiblesse.

Trois  de Bédée trouvent ici la mort entre le 24 février et le 12 avril.

 

LOUIS MARQUER appartient au 143è Régiment d'Infanterie ; depuis le mois de septembre 1916, il est en poste entre l'Argonne et la Meuse. Il a déjà échappé à la mort en juin 1916, blessé à la tête et à la main. Il reprend ainsi « la guerre de tranchées dans le secteur d'Avocourt.. « Cette nouvelle période est particulièrement pénible. L’activité de l’artillerie ennemie est intense. Tirs de destruction, de harcèlement, de surprise, obus à gaz, bombes de tous calibres, obus à retardement, pleuvent dru. Les abris manquent, les tranchées sont inexistantes ou bouleversées, ou pleine d’une boue liquide qui les rend impraticables. Tout est à créer, à organiser »(Historique).

On ignore la date à laquelle Louis Marquer a été blessé ; il décède le 24 février à l'ambulance 11/16 à Villes Sur Cousances (Meuse) ; cette structure de secours est destinée à administrer les premiers soins aux poilus avant de les évacuer vers de vrais hôpitaux. Ceci signifie que Louis MARQUER a sans doute été blessé quelques heures ou jours auparavant ; le JMO du régiment mentionne 2 blessés ce 24 février et 16 blessés le 22 à la suite d'un bombardement très violent d' "obus de gros calibre ». Les combats n'ont pas lieu tous les jours mais la peur est assurément omniprésente.

Notre bédéen reçoit la citation suivante : « très bon et brave soldat, blessé très grièvement pour la 2è fois à son poste de guetteur. Amputé de la cuisse gauche. Médaille militaire et Croix de guerre avec palme ». Il restera le bédéen "mort au champ d'honneur" le plus médaillé.

 

 

Deux autres Bédéens sont tués dans cette région ; ils appartiennent tous deux au 75è Régiment d'Infanterie Territoriale. Il faut savoir que les RIT étaient composés de soldats considérés comme trop âgés et plus assez entraînés pour rejoindre les premières lignes. En 1914, le régiment est ainsi affecté au renforcement des défenses de la capitale. Néanmoins, en cette année 1917, la France a besoin d'hommes et n'hésite plus à jeter dans la bataille toutes ses forces, même les moins aguerries.

 

NOEL GARNIER, JEAN VAULEON, depuis 1915, sont cantonnés à proximité de Reims. Leur mission : « occuper, organiser, défendre » ; seulement en mars 1917, le régiment relève les Russes dans le secteur de Auberive et se met au service des « différentes armes » et se « tenir prêt  à tout moment et pour toute besogne » (Historique). Nous sommes au début du printemps et les conditions climatiques redeviennent plus favorables pour lancer de grandes offensives. Telles est l'intention de Nivelle que ce soit au Nord de la France, dans l'Aisne (Chemin des Dames) ou encore en Champagne. Noël GARNIER et Jean VAULEON tombent respectivement le 9 et le 12 avril, quelques jours avant la terrible offensive sur le fortin d'Aubérive. Le JMO n'a pu nous parvenir mais cette objectif était déjà celui des troupes françaises en septembre 1915. Il est donc évident que les troupes allemandes ont largement eu le temps de se préparer au pire. « Adieu la vie, Adieu l'Amour... »

 

 

VERDUN, boucherie sans fin.

 

On associe toujours Verdun à la terrible année 1916 mais ici encore, il reste de la « chair à canon » à broyer après un hiver d'une exceptionnelle rigueur.

EDOUARD COLLIAUX est le seul écclésiastique de Bédée engagédans la Grande Guerre ; il a été incorporé au 124è Régiment d'Infanterie en 1915 : il a déjà été engagé ten 1916 dans la bataille de Verdun;le régiment débarque le 17 mars. « Pour la seconde fois, le régiment va prendre part à cette gigantesque bataille » (Historique). Mais le régiment doit surtout faire face aux harcèlements de l'ennemi. Le jour du décès d' Edouard COLLIAUX, le régiment est dans les alentours de Ranzières (sud de Verdun) : les belligérants s'affrontent par artillerie lourde interposée ; le 124è est obligé d'évacuer le village pour se réfugier dans les bois. Le 19 avril, Edouard COLLIAUX reçoit un éclat d'obus à ailettes ; deux de ces compagnons meurent le même jour. On gardera en mémoire de ce soldat cette citation militaire : « grenadier plein de coureage, a sous un bombardement intense, assuré le service dont il était chargé donnant à ses camarades un bel exemple de courage et de mépris du danger ».

 

Ce n'est ensuite qu'à la fin de l'été que deux autres « gars » de Bédée sont « tués à l 'ennemi » sur Verdun : il s'agit d'EUGENE LECHAUX et de PIERRE RENAULT. Le premier appartient au Régiment de Marche de la Légion Etrangère. C'est un militaire volontaire ; en 1917, notre caporal a 39 ans et vient de recevoir une citation militaire pour ses faits d'armes du printemps : « le 19 avril s'est porté courageusement à l'attaque d'une position fortement organisée et a contribué à l'enlèvement de l'ouvrage ». A partir du 19 août 1917, il s'engage dans la seconde bataille de Verdun ; il s'agit d'attaques ciblées et énergiques sous la direction de Pétain destinées à reprendre les positions perdues en février 1916. On utilise des avions de reconnaissance pour préparer les tirs d'artillerie. L'attaque a lieu sur les deux rives de la Meuse. Le régiment d' Eugène LECHAUX (plus de 2500 hommes) s'engage avec son régiment sur la rive gauche et enlève le village de Cumières « avec une telle fougue, qu'il a dépassé l'objectif final qui lui était assigné »(Historique ).Le régiment est « saigné à blanc » par l'artillerie et les tentatives de contre-offensives allemandes. Le caporal LECHAUX tombe le 20 août,à 15h30 précisément. Notre Bédéen reçoit à titre posthume une nouvelle citation militaire : « le 20 août 1917, s'est fait remarquer par son énergie et son allant ; pendant l'assaut des positions ennemies a été grièvement blessé ».

 

PIERRE RENAULT, porteur de munitions au milieu des gaz asphyxiants

Le 9 septembre, c'est au tour de Pierre RENAULT de mourir, mortellement blessé par un éclat d'obus ; nous sommes avec le 117è Régiment d'Infanterie Territoriale, au Nord de Verdun. On le constate encore, plus la guerre s'éternise, plus des soldats de régiments territoriaux figurent parmi les morts ; les belligérants jettent toutes leurs forces dans la bataille. Pierre RENAULT, porteur de munitions sous les gaz asphyxiants Pierre Renault est sorti vivant des combats du Chemin des Dames, de l'enfer de Craonne. En août, son régiment est redéployé sur Verdun pour participer à l'offensive lancée le 20 août. Sa mission : »exécuter des travaux de secteur et assurer le ravitaillement en munitions des divisions en ligne » (Historique) ; l'Enfer de Verdun n'est pas un vain mot même en 1917 : « écrasement de nos premières lignes sous les obus toxiques et de gros calibre, harcèlement continu...dans les ravin et sur un terrain plongés sous les nappes gazeuses, les travailleurs, les corvées de transport vivront des semaines … Sous les barrages et dans les gaz » (Historique). Le 117è est un « beau et brave régiment » conclut le commandement. Pierre RENAULT est tué le 09 septembre vers 23 heures, sans doute au cours d'une « corvée de portage de munitions ; là encore, il est question dans le Journal de Marches et d'Opérations de difficultés résultant de violents tirs de barrages et d'émissions abondantes de gaz ». Le JMO cite notre bédéen !: « un homme de la 7è compagnie, le soldat RENAULT est tué par éclats d'obus dans le ravin de Vaudoine(sud de Samogneux) et 26 hommes ont été incommodés par les gaz, 18 plus gravement atteints sont évacués ».

 

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