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D'après le Journal de guerre de Louis LEROY, Maire de Bédée de 1912 à 1930

 Â« Les voix se sont tues, nos campagnes se sont vidées progressivement des hommes valides mobilisables ; encore quelques départs et la mobilisation générale sera complète. De jeunes enfants, assimilés au Conseil de Révision à des engagés volontaires subissent chaque jour, sur notre territoire et le subiront jusqu'à la fin de mars prochain un examen rigoureux d'aptitudes physiques et morales. Espérons que le contingent de la classe 1916 sera le dernier à être appelé cette année, sous les armes.

 

Pitié pour la jeunesse, Pitié pour la race qui sombre. Faisons des vœux pour que s'il est nécessaire de rappeler d'autres unités sous les drapeaux, l'autorité militaire, en l'espèce Monsieur le Ministre de la Guerre, fasse appel aux classes qui ont satisfait aux obligations militaires en vigueur, c'est-à-dire aux classes 1886, 1885, et plus bas si nécessité est ; et même à la levée en masse des hommes, vigoureux encore, qui ont franchi le cap de la cinquantaine.

 

Pendant que se déroule le drame le plus passionnant auquel nous assistons et qui n'a jamais eu d'égal, ayons tous les yeux fixés sur l'image sainte de la Patrie, mais n'oublions pas, surtout vous, Mes Chers Amis, qui par suite d'infirmités physiques ne soient point appelés à servir, que nous avons ici même, dans notre localité, des devoirs impérieux à remplir, surtout aux foyers déserts, là où l'époux, le frère, les serviteurs sont enrégimentés.

Mais là aussi où le deuil a frappé et encore auprès de ces pauvres vieux, qui à la tête d'une exploitation ou d'un commerce quelconque sont presque seuls. Jamais la doctrine du Christ qui a dit « Aimez-vous les uns les autres, entraidez-vous » a été aussi sublime et aussi présente. Il vous appartient à vous, exemptés et réformés des classes 1887 à 1909 inclus et à vous aussi, exemptés, réformés ou ajournés des classes 1910 à 1916 inclus, de mettre en pratique cette doctrine évangélique ; Trêves aux susceptibilités et ressentiments; marchons tous, laborieusement, la main dans la main, en travaillant avec ardeur, pour nous, mais aussi pour les autres et préparons de notre mieux le retour au foyer si longtemps abandonné de nos chers enfants de Bédée mobilisés. Pas un d'entre nous ne voudra se montrer égoïste, mais tous nous concourrons de toutes nos forces, avec notre cÅ“ur à ce louable effort.

 

Plus tard, quand le flambeau de la paix illuminera le monde civilisé, nous aurons notre récompense et lors de la réunion générale, sur la place de l'église, de ceux qui couverts de lauriers et de gloire auront le bonheur de revoir le pays natal, une voix autorisée vous associera, vous aussi aux chaleureux éloges que tous les enfants de Bédée auront largement mérités.

Pendant que le canon gronde, nous qui sommes loin des zones où a lieu la lutte gigantesque, mettons-nous à l'oeuvre. La famille agricole manque de bras, c'est la période du travail, dur mais fructueux dans les campagnes.

 

[lecture circulaire Préfet, indique le Maire]

 

Vous qui exploitez une grande, une moyenne ou une petite ferme, comme vous, domestiques, ayez à cœur de participer efficacement, par des actes surtout par des conseils basés sur l'expérience aux travaux en cours ; il ne faut pas qu'il soit dit plus tard, que pendant la guerre de 1914-1915, que la commune de Bédée ait fait un ensemencement notablement inférieur à celui qui fait en temps de paix. Vous devez, vous surtout, qui possédez des membres valides, veiller aux travaux où le danger est le plus grand et qui nécessite un grand déploiement de forces » .

 

Paroles prononcées par le Maire, Louis Leroy (médecin) à la mairie. Il n'est pas mentionné de date précise mais M. LEROY évoque la mobilisation de la classe 1916 : cette classse a été appelée le 8 avril 1915 soit près d'un an et demi avant la date prévue, octobre 1916.

 

 

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