La Grande Guerre a traumatisé l'Europe entière et plus particulièrement les deux principaux belligérants, la France et l'Allemagne ; pour l'un 1,3 million de morts, pour l'autre, 2 millions.

Aussi, dans l'immédiat après-guerre, les communes de France vont ériger des Monuments en mémoire des poilus, devant lesquels les citoyens de plus de 36 000 communes pourront se souvenir. Ces biens communaux témoignent ainsi de la participation de l'Etat au travail de deuil des familles. Respectant l'esprit de la loi du 25 octobre 1919, chaque mort a droit à son nom gravé.

A Bédée, le Monument aux Morts est inauguré le 10 juillet 1921. Le Maire Louis Leroy écrit alors : « inauguration solennelle du Monument aux Morts érigé en l'honneur des « 108 enfants de Bédée » morts pour la France ; cérémonie parfaite à l'Eglise et au cimetière ». Ces noms figurent par ordre alphabétique mais sont regroupés par année de décès. Le sculpteur à l'oeuvre est Emmanuel Guérin ; il n'a pas choisi de figurer un héroïque poilu mais une femme, les bras ouverts, surmontée d'un crucifix. L'ancien maire évoque l'Eglise de Bédée comme lieu de recueillement ; encore aujourd'hui, est exposée une pièta ou Vierge de Pitié accompagnée des fameuses photographies des poilus de Bédée. Il est à noter que certains noms ne figurent pas sur cette stèle alors qu'ils sont inscrits sur le Monument aux Morts ? Refusait-on cet hommage à quelques poilus non baptisés ? Nous n'avons pas trouvé la réponse.

 

A Bédée, La Grande Guerre reste incarnée par la figure du caporal Pierre Lefeuvre, identifiée comme le héros de Bédée. D'autres poilus de Bédée « tombés pour la France », auraient sans doute mérité cet honneur. Mais seul le nom de Pierre Lefeuvre est passé à la postérité. A son actif, ses faits d'armes et  ceux de son escouade, son statut de Caporal et la date de décès qui fait probablement de lui le 1er bédéen « tué à l'ennemi ».

Il est important de noter que c'est d'abord la Belgique, et plus précisément les Amitiés Françaises de Tamines, qui « héroïse » le jeune caporal : un monument à sa gloire (financé par une souscription publique) est inauguré le 29 juillet 1923 et en 1938, on donne son nom à une rue de Tamines.

A Bédée, à partir de 1938, une rue du village porte son nom et un monument à sa gloire est inauguré le 11 novembre 1954. A cette occasion, sont rassemblés autour de la population et des autorités municipales et préfectorales, les Associations d'Anciens Combattants de Tamines et de Bédée.

 

Depuis 1919, le devoir de mémoire est entretenu par les cérémonies du 11 novembre et depuis 1954,plusieurs « voyages mémoriels » vers Tamines ont été organisés par les Anciens Combattants. Il est clair que le Centenaire est une opportunité pour « raviver la flamme ». Ainsi, un siècle, jour pour jour après la mort de Pierre Lefeuvre, une délégation de bédéens se rendra à Tamines et participera aux commémorations belges ; le Monument aux Morts de Bédée va retrouver une « seconde jeunesse » en 2014 : tous les noms manquants sur le Monument y seront gravés pour la postérité et une grande exposition rappellera aux Bédéens le sacrifice de ces hommes.