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L'offensive allemande du

printemps

  

Malgré l’échec de cette première opération « Michael », le commandement allemand lance deux nouvelles offensives dans la Marne et l’Aisne. Selon Erich Ludendorff, général en chef des armées allemandes, pour pouvoir enfin l’emporter sur les Alliés, il faut absolument réussir à créer une brèche dans le front ennemi et « le reste s’ensuivra ».

Cinq de nos bédéens se sacrifient pour éviter cette brèche et la victoire allemande qui doit en résulter. C’est d’abord le soldat Victor PLAINE qui perd la vie le 1er juin. Revenons sur les circonstances de sa disparition.

De septembre 1917 à la fin mai 1918, le régiment des 89è territoriaux séjourne dans des secteurs calmes de la Marne et travaille à des « travaux d'organisation de position, de réfection de routes et de réseaux télégraphiques, de manipulation et de transport de matériel etc... » (Historique). Mais au 26 mai, ordre est donné au régiment de prêter main forte à une division marocaine en difficulté face à la percussion allemande. Le 2è bataillon de Victor PLAINE comme le reste du régiment ne peut tenir et doit se replier sur Ormes (à quelques kilomètres à l'Est de Reims). Son objectif est désormais de contenir l'offensive allemande en leur interdisant « coûte que coûte le passage vers la vallées de la Vesle ». Alors que le 1er bataillon du 89è est débordé, celui de PLAINE fait front.

Le 1er juin, jour de la disparition de notre Bédéen, son bataillon reçoit comme ordre de couvrir le retrait des derniers éléments français franchissant la Vesle. On est plus habitué à voir les Territoriaux plus en arrière mais au fil de la guerre, on les retrouve de plus en plus en première ligne. Ce jour là, on subit les assauts ; Une nouvelle fois, les Allemands sont à l'initiative : depuis la veille, le bombardement est incessant et violent.La résistance du 2è bataillon, renforcé par d'autres unités, est farouche. Victor PlAINE tombe ce jour, victime d'un éclat d'obus. Les attaques vont se répéter le 2 puis le 3 juin, mais « elles ne parviennent pas à obtenir de résultat » (JMO). Le sacrifice des hommes du 89è ne sont pas donc pas vains car les Allemands ne sont pas passés !

 

 

A moins d'une cinquantaine de kilomètres du village d'Ormes, de l'autre côté de Reims, un autre Bédéen, Jean PIRON tombe à son tour. Nous sommes aux Tranchées du Têton, près de Moronvilliers. Nous sommes encore dans cette partie de la Champagne dans laquelle se sont déroulés en 1917, les terribles combats de la guerre des Monts (dont le Mont Têton). Il s'agit pour Ludendorff de « porter un coup décisif à l'armée française sur Reims, avant d'anéantir les Britanniques dans les Flandres » (Pierre Miquel « les Poilus »). Son objectif reste Paris. Trois divisions américaines sont chargées de garder la Marne.

 

On ne peut ne pas reconnaître Jean PIRON : de tous les portraits de « ceux de Bédée » (même s'il est né sur la commune limitrophe de Clayes), il est le seul à « avoir la clope au bec » ! C'est un des plus jeunes, puuisqu'il disparaît à l'âge de 21 ans. Il entre donc tard dans la guerre mais pour autant, il ne sera guère épargné : blessé en juillet 1917, à nouveau en janvier 1918 pour de multiples blessures dûes aux intoxications par gaz.

En cette année 1918, Ceux du 124è vont s'employer à déjouer les plans allemands et tenir les crêtes champenoises. Les Allemands n'hésitent pas à bombarder régulièrement les lignes françaises avec du gaz ypérite. Depuis le début de l'année, on craint ici une grande offensive allemande. Le commandement a donc besoin de renseignements d'autant plus que l'on sait que les Allemands ont renforcé leurs troupes. On envoie donc régulièrement des volontaires « exécuter de nombreux coups de main »(Historique). C'est le cas ce 24 juin : suite à une tentative infructueuse d'infiltration entreprise par quelques éléments du 124è Régiment d'Infanterie vers 1h du matin dans les tranchées ennemies, les Allemands ripostent par des tirs d'artillerie qui coûteront la vie à deux soldats, dont le malheureux Jean PIRON, 2è classe, tué à 3h du matin suite à l'éclat d'une bombe.

 

Deux semaines plus tard, Paul CHAORY du 136è Régiment d'Infanterie est à son tour mortellement blessé. Incorporé à partir du 6 septemebre 1914, CHAORY, est caporal depuis le mois d'avril 1915. Lui aussi, n'a pas failli au combat: le 27 septembre 1915, il est blessé par balles à la cuisse gauche.

Selon l'Historique de son régiment, son unité « après avoir subi sans faiblir les assauts de l'ennemi […] va à son tour prendre l'offensive. Le 8 juillet, au petit matin, le 136è lance une attaque visant à dégager la lisière d'une forêt aux alentours de Chavigny, dix kilomètres au Nord de Soisson. En dépit de violents tirs d'artillerie, l'ordre est donné d' « atteindre les objectifs à tout prix ». Le JMO évoque de « grosses pertes ». Il est probable que Paul tombe lors de ces opérations périlleuses. Gravement blessé, il est évacué et décède six jours plus tard (jour de la Fête Nationale) à l'Hôpital complémentaire d'armée N°47 au château d'Ognon dans l'Oise. L'abnégation et le sacrifice d'hommes tels que lui, permet à son régiment d'atteindre son objectif et de capturer à l'ennemi selon le JMO « 2 officiers, 24 sous-officiers, 120 hommes et 7 mitrailleuses. Ce succès vaut par ailleurs à son régiment une belle citation à l'ordre de l'armée. Paul CHAORY est un des bleuets les plus décorés de Bédée : Croix de Guerre avec étoile de bronze et Médaille Militaire.

 

D'autres régiments resplendissent encore par leurs actions d'éclat à un moment où les Allemands jettent toutes leurs forces dans la bataille. Dans les Monts de Champagne, les coups de butoir des Allemands sont incessants.

Le 15 juillet commence la 4è bataille de Champagne. Elle est annoncée par la presse depuis le début du mois et confirmée par des prisonniers allemands. Clémenceau s'est même déplacé au Mont Haut le 6 juillet pour galvaniser les énergies. C'est la dernière grande offensive de Ludendorff.Elle est appuyée par un dispositif d'artillerie de plus de 1500 batteries ; en face, la IVè Armée française avec notamment le 124è Régiment d'Infanterie du bédéen Joseph PELE et le 101è de Jean MARTIN.

 

Un intense bombardement commence autour de minuit ; il réveille même une partie des parisiens ! Il se termine à 3h35 du matin. Le 124è reçoit l'ordre de tenir ses positions. Nous sommes dans le secteur de Prosnes. On apprend par le JMO que l'infanterie allemande parvient à s'inflitrer au travers des premières lignes françaises. Débordant le régiment, les Allemands sont finalement repoussés.

C'est lors de ces combats, au petit matin du 15 juillet, que Joseph PELÉ trouve la mort. Le JMO relate presque minute par minute les combats de la nuit et du petit matin : à 6h, heure du décès de notre bédéen « on apprend que l'ennemi a débordé la droite du 142è placé à notre gauche vers la maison de garde de la voie romaine (position à tenir) » ; on sait aussi que la Compagnie de Joseph PELÉ est « presque cernée de tous côtés ». C'est sans aucun doute lors de ce dramatique épisode que Joseph perd la vie. Il est tué par un éclat d'obus. Mobilisé dès le 13 août 1914, il ne reverra jamais son « pays » natal.

Jean MARTIN n'aura pas plus de chance que son camarade. Le 101è appuie l'action du régiment de Joseph PELE mai lui aussi est rapidement débordé. Les renforts prévus n'arriveront qu'en milieu d'après-midi. Mais on tient bon alors même que les Allemands « mettent tout en œuvre pour progresser; sans y parvenir. Ils utilisent même des lance-flammes » (Historique). Jean MARTIN est déclaré « disparu au combat ». « Le 17 juillet 1918, l'offensive, après deux jours, s'essouflait déjà. Il était temps : sur les premières lignes du front de Champagne, les poilus étaient à bout de résistance »(Pierre Miquel).

Plus au Sud-Ouest, on parvient finalement à repousser les Allemands, qui, en juin, avaient franchi la Marne. Les Alliés progressent et obligent Ludendorff à renoncer à son offensive dans les Flandres pour éviter l'effondrement. 300 canons allemands, 300 trophées de guerre sont envoyés à Paris !                                                                        

 

 

                                                                                     Kevin & Yoann

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