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L'ultime offensive Meuse-Argonne

C'est l'offensive Meuse-Argonne, dernière attaque de la première guerre mondiale, qui pousse le commandement allemand à signer l'armistice. Elle se déroule dans le secteur de Verdun de la fin septembre au 11 novembre.

Appuyés par les Américains, les troupes françaises progressent rapidement dans la vallée de la Meuse en direction de la ville de Sedan. Néanmoins, nous l'avons évoqué précédemment, les Allemands résistent toujours et encore. Et cette fulgurante avancée rencontre parfois de vives résistances à l'image de cet épisode mettant en jeu le 413è Régiment d'Infanterie su sergent Pierre LECHAUSSEE, qui reçoit pour mission  d' Â« enlever des nids de mitrailleuses défendant les hauteurs nord de Hauviné Â», commune située à 70 kms au sud-ouest de Sedan. « Ces nids sont nombreux, très bien organisés et protégés par d'épais réseaux de fils de fer intacts Â» détaille l'Historique de régiment. Peu importe, l'attaque est lancée à 5h du matin. Les hommes du 413è sont alors « pris sous de violents tirs de mitrailleuses [et] sont arrêtées à quelques centaines de mètres de leur objectif Â» selon le Journal de Marches et Opérations. Le sous-officier bédéen décède à 5h du matin ; il a sans doute été fauché par la mitraille dès le début de l'engagement alors qu'il entraîne sa section à l'assaut d'une position ennemie. Les combats sont incessants toute la journée et les Allemands ne donnent aucun signe de fléchissement. Au soir, on creuse des tranchées « sans perdre de temps afin que tout le monde soit terré avant la fin du jour Â» (JMO). En fin de nuit, vers 5h, les patrouilles envoyées en éclaireurs constatent avec surprise que les nids de mitrailleuses sont inoccupés. Le 413è, reprenant sa marche en avant, prend conscience du piège tendu par les Allemands en mettant la main sur un "trèsor de guerre" : plus de cent mitrailleuses étaient disposées sur les hauteurs !

 

Ce même mois d'octobre, le 6è Régiment d'Infanterie Coloniale du soldat Jean LECOMTE, atteint la rive droite de la Meuse où il relève un régiment américain. Ce secteur « tout nouvellement conquis n'est pas encore organisé Â» selon l'Historique du régiment. «Nous dominions Sivry sur Meuse, village occupé par l'ennemi; devant nos lignes, un ravin garni de petits boqueteaux, véritables nids de mitrailleuses, protégées par d'épais réseaux de fils de fer(...) dans lesquels les Allemands avaient installé de nombreuses mitrailleuses avec abris, baraquements, réseaux très denses de fils de fer Â». Après avoir repoussé plusieurs offensives allemandes, durant le troisième jour du mois de novembre, le 6è R.IC. de Jean LECOMTE contre-attaque. « du 3 au 7, par ses attaques incessantes, le 6è R.I.C., harcèle l'ennemi, améliore ses positions et retient ainsi devant lui des forces importantes. Enfin le 7 novembre, les Allemands cèdent sous notre pression(...) la progression continue sans arrêt malgré le feu des mitrailleuses(...) au soir du 7 novembre le régiment avait réalisé une avancée de 5 kilomètres dans les lignes allemandes. Jean LECOMTE ne vivra pas ces derniers évènements de la guerre puisqu'il est tué glorieusement dans l'accomplissement de sa mission Â» le 4 novembre. Il avait 21 ans. Ce jour là, le bataillon de Jean LECOMTE reçoit l'ordre de partir une nouvelle fois à l'assaut du village de Sivry ; le Journal de Marches et Opérations est assez laconique : « nouvelle attaque; la réaction de l'ennemi est particulièrement violente (mitrailleuses, obus toxiques). Aucune progression possible. Pertes : 5 tués (dont Jean LECOMTE tué au bois de Chaume), 1 sous-officier blessé, 11 soldats blessés, 9 soldats intoxiqués, 2 soldats disparus Â».

Par l’action de soldats tel que lui, le 6ème régiment d'infanterie coloniale obtient la citation suivante à l'ordre de la 2ème Armée : « Magnifique régiment qui vient à nouveau d'affirmer brillamment ses belles qualités d'allant, d'endurance et d'habileté manœuvrière. Pendant les opérations du 4 au 11 Novembre 1918, dans le secteur de Verdun Nord, sous le commandement de son chef, le colonel Chevallier, s'est porté à l'attaque des positions allemandes avec une ténacité et un courage admirable. Sous un bombardement intense et de violents tirs de mitrailleuses, a refoulé l'ennemi sans répit pendant sept jours, le chassant de positions d'une extrême importance et lui capturant des prisonniers et un matériel considérable dont un parc du génie et un train de munitions ».

Comme tous ces camarades, Jean LECOMTE a consenti au sacrifice suprême en faisant son devoir ; comme beaucoup d'autres, il a accompli des actes de bravoure tel ce 4 novembre ou encore ce 12 juillet 1918 dans la Somme, près d'Amiens à Saint Sauflieu. Son registre matricule mentionne qu'il « s'est particulièrement distingué au cours d'une attaque des positions ennemies et a été un bel exemple pour ses camarades. Soldat d'une bravoure éprouvée Â». le 6è R.I.C. est engagé dans une attaque avec le 5è R.IC. et le 70è bataillon de tirailleurs sénégalais. Le JMO apporte peu d'informations sur le déroulement de la journée mais son registre matricule nous apprend qu'il s'est porté « volontaire pour assurer une mission de liaison sous feu violent d'artillerie et de mitrailleuse Â».

Jean LECOMTE est le dernier sacrifié de Bédée. Une semaine après son décès, l’armistice entre l’Allemagne et les Alliés était signé, mettant un terme à quatre années de guerre durant lesquelles 120 bédéens sacrifièrent leur vie pour la France.

 

 

A Bédée, le premier 14 Juillet de la paix retrouvée est un exutoire. Louis Leroy, maire de Bédée (voir aussi sous-page Accueil) relate dans sa main courante le 13 juillet 1919: "le 13, Fête Nationale et de la Victoire , très suivie, ensoleillée, gaie, un " Guillaume" bien présenté a été noyé au "Clos Guen", pendu sur la place et enfin pétrolé jusqu'aux talons, jeté dans la fouée, route de Rennes".

 

 

                                                                 Chloé

 

 

 

 

 

 

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