top of page

"Retournez à vos pièces et servez-les jusqu'au bout!" 

Dans cette bataille, les Allemands ont l'initiative : le Kronpriz veut absolument relancer la guerre à l'ouest mais cette fois-ci sans chercher à percer le front ; il entend éliminer toute résistance en utilisant la puissance de feu allemande ; le déluge de feu plutôt que l'assaut général. Tout ceci sur un front d'à peine 25 kms de long. Le 21 février, à partir de 7h15, plus de 1000 canons tirent près d'1 million d'obus dans les premières heures !

Cette intensité des bombardements pulvérise tout ; les soldats français, malgré l'habitude du feu sont accablés par un rideau de feu. « les bataillons sont ensevelis. Les suvivants sont inertes, aphones, semblent dormir. Les oreilles sifflent, les tympans éclatent. Les hommes rentrent la tête dans les épaules, se retrouvent dans la boue neigeuse des trous d'obus, dans la position du fœtus » (P. Miquel).

Assomés, les survivants doivent affronter les troupes d 'élite passées à l'attaque. Les combats dureront de manière presque ininterrompue jusqu'en octobre.

 

JOSEPH FORGEOUX est le 1er de Bédée à tomber, le 2è jour de l'offensive allemande. Il fait partie du 61è Régiment d'artillerie. Cette même artillerie française surclassée depuis le début de la guerre, qui ne parvient même pas à riposter dans les premières heures de la bataille.

Ce 21 février, le 61è est même exposé aux gaz ; le JMO évoque « une forte odeur d'éther et d'amandes amères » ; FORGEOUX, 2è canonnier servant, est en poste à la ferme de Mormont, poste de commandement très avancé : il subit un bombardement intense toute la journée, « de projectiles de gros calibre (210 à 380) »(JMO). Le JMO décrit un spectacle apocalyptique : « les pièces de 80 sont brisées ou enfouies ; les abris à munitions sont défoncés ». FORGEOUX « et les quelques hommes encore valides sont occupés à dégager la majorité de leurs camarades ensevelis » ; bientôt apparaissent les premiers fantassins allemands ; les canonniers organisent des tirs de barrages mais leurs positions sont violemment bombardées et les effectifs dûrement éprouvés ; le 61è est à la dérive.

Le commandement tente de « reprendre la main » : « retournez à vos pièces et servez-les jusqu'au bout ». Le calme ne revient pas avec la nuit et les bombardements reprennent dès 5h30 « en prévision d'une contre-attaque »... qui n'aura pas lieu ; les positions du 61è sont bombardées à leur tour. Le JMO signale aussi des avions allemands qui survolent les lignes. A 17h30, la ferme de Mormont est évacuée sous la pression allemande. 6 canonniers sont tués ce jour dont Joseph FORGEOUX.

 

                                                                                                                                   Morgan, Maël

 

 

Les Allemands progressent sur la rive droite de la Meuse et s'emparent aussi du fort de Douaumont le 25 février. Début mars, ils lancent aussi une grande offensive sur la rive gauche. On résiste du côté français, à grands coups de renforts, mais à quel prix ! Des régiments entiers sont engloutis ; les poilus sont sacrifiés, le moral est au plus bas ; certains deviennent fous : un bédéen, nous l'appellerons X, se suicide le 12 juin.

bottom of page