1914 - 1918:
''Ceux de Bédée''
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LA BATAILLE DE CHARLEROI (21-23 AOUT 1914) : L'EFFROI
Suite à l'invasion de la Belgique, une ligne de bataille se met en place sur un front de plus de 200 kilomètres ; les bretons de Bédée, dans leurs régiments respectifs, remontent jusqu'à la Sambre, principal affluent de la Meuse, pour stopper les Allemands.
Le 21 août, les corps d'armée se rencontrent sur les ponts de la Sambre. Signe avant coureur d'un affrontement imminent, la veille, on avait signalé la présence d'uhlans dans les parages.... On se bat pour le contrôle des ponts.
Pierre LEFEUVRE, caporal au 70ème Régiment d'infanterie de Vitré , s'illustre lors de cet engagement : en sa qualité de tireur d'élite, il a pour mission, avec son escouade(une quinzaine d'hommes), de tenir le pont non loin de Tamines-Fosse ; ravitaillé en munitions, lui et ses hommes retiennent les Allemands pendant plusieurs heures... Lorsqu'à bout de munitions, il est sommé de se rendre, il refuse et est mortellement bléssé. On lui attribue la mort d'une cinquantaine d'Allemands. Aujourd'hui, ce fait d'armes est relativisé par les travaux récents de deux historiens, Damien Baldin et Samuel Saint-Fuscien:" Les soldats de l’escouade du caporal Pierre Lefeuvre, chargés de surveiller l’un des ponts de Tamines, au Tienne D’Hamion, tuent 53 Allemands, dont neuf officiers de la Garde, avant de voir leur caporal mourir et d’être eux-mêmes mis hors de combat ».
Néanmoins, l'héroïsme du jeune caporal reste gravé dans les mémoires et, depuis un siècle, on entretient sa mémoire : à Bédée, il reste comme le « héros de Bédée » (avec une rue Pierre Lefeuvre depuis 1938) et en Belgique comme le « héros du pont de la Sambre » (avec un monument à sa gloire érigé en 1923).
Ce processus d'héroïsation tient évidemment à ses faits d'armes mais est sans doute lié aussi au souvenir douloureux des massacres de populations civiles des villages alentours (non loin du monument dédié à Pierre Lefeuvre, un autre monument atteste que 384 habitants ont été assassinés par la Garde Prussienne).
Pierre Lefeuvre reçoit une citation et , à titre posthume, la Croix de guerre avec étoile de bronze.
Militairement, le sacrifice de Pierre Lefeuvre a été vain : si quelques ponts de la Sambre restent aux mains des français le 21 août au soir (dont celui de Tamines!), le lendemain, dans un épais brouillard, les Allemands reprennent l'offensive.
En ces journées terribles du 21, 22 et 23 août, le 136è RI de St Lô vit un calvaire : le 21, les compagnies du régiment sont « écrasées sur place » : près de 800 hommes succombent ; mais ce n'est là que le début du cauchemar : tentant une série de contre-offensives, les soldats entrent dans un bois tenu par l'ennemi ; à chaque tentative, répond la puissance du feu allemand ; Louis THEBAULT, 25 ans, fait partie des premières victimes de la journée puisqu'il aurait été abattu d'une balle dans la tête à 7h du matin (Registre Matricule ; dans les Journaux des Marches et Opérations, on trouve aussi mention d'un « Th(i)è bault » tué le lendemain?).
L'Historique du régiment ne parle plus de compagnies constituées mais de « débris de compagnies » ; au final, les bataillons se replient un moment sur la place de Falisolle avant d'abandonner le terrain vers 14h. Les pertes des deux côtés sont élevées.
"Tués par des balles françaises"
Le lendemain, le 23, est sans aucun doute le moment le plus dramatique de cette bataille : le régiment prend position en différents endroits de la lisière d'un bois étroit (très nombreux dans cette région), près d'Oret ; très vite, les troupes évoluent dans la plus grande confusion dans ce bois étroit : lors de l'assaut, « une fusillade extrêmement violente, couchant une grande quantité d'hommes par terre, éclate dans le dos du bataillon » ! Les balles françaises tuent nos soldats et ceci à plusieurs reprises au cours de cette journée. Joseph CHAORY tombe « glorieusement pour la France en entraînant crânement ses hommes à l'attaque des lignes allemandes » ; il a montré « le plus bel exemple de bravoure et de calme au feu » (Registre matricule);peut-être faisait-il partie de ce bataillon, resté en réserve et venu à la rescousse de ses camarades en chargeant à la baïonnette.... On ne peut cependant pas exclure qu'il ait été victime de tirs fratricides...
Vers 16h, la bataille est terminée : les Allemands ont pris pied au Sud de la Meuse ; les troupes françaises se replient.
Ce 22 août, la Bataille des Frontières a fauché près de 30 000 vies Françaises !
Morgan, Jade, Kévin, Jonas
Un pont sur la Sambre
source: Library of Congress
la stèle Pierre Lefeuvre à Bédée
L'imposant monument de Tamines (Belgique)
en mémoire de Pierre Lefeuvre