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"La Course à la Mer"

 

La « course à la mer Â» fait suite à la bataille de La Marne. Il s'agit d'une guerre de mouvement improvisée qui va durer presuque deux mois, de septembre à la fin du mois d'octobre ; « comme un incendie qui s'étend progressivement sur la campagne, la bataille monte ainsi des collines de Picardie aux plaines d'Artois et aux canaux de Flandres Â».

Cet épisode fait suite à la bataille de la Marne ; les deux armées tentent de se déborder par l'Ouest et ceci jusqu'à la mer du Nord.

Plusieurs Bédéens perdent la vie sur cette longue ligne de feu qui, progressivement, dessine un front de plus en plus stable ; les deux armées (plus les Anglais) se neutralisent et s'enterrent progressivement dans des tranchées.

 

EPISODE I : Dans la région d'Amiens (Somme)

 

En Picardie, trois Bédéens meurent à l'automne 1914 : FREDERIC BLANCHARD et JEAN LUCAS, dans le secteur de Roye, à 24h d'intervalles, le 24 (ou entre le 23 et le 30) et 25 (Registre Matricule) septembre et EUGENE CHAUVIN, le 4 novembre ; même secteur encore mais à des dates décalées ce qui montre bien que le front se fixe à l'automne.

 

D'ailleurs, en ce début d'automne, Frédéric BLANCHARD et ses compagnons commencent à s'abriter dans des tranchées grossières , sur la commune de Rethonvillers. Son régiment, le 130ème RI (Mayenne), côtoie le 124ème (Laval) de Jean Lucas.

Les Allemands sont à l'offensive, et bousculant le 124ème Régiment d'Infanterie, obligent le 130ème à abandonner ses tranchées et à se replier sur Carrépuis. Frédéric BLANCHARD est sans doute décédé lors de cette retraite (Registre Matricule). Jean LUCAS n'a été plus chanceux et tombe ce même jour contrairement à ce qui est consigné sur ce Registre Matricule ; il est même tombé avant Blanchard, en matinée : son bataillon a été fortement attaqué entre 6 et 9h et vers 11h sur Crécy/Somme; les consignes sont claires : « tenir coûte que coûte Â» ! Malgré tout, l'ordre d 'évacuation est donné et c'est sans doute ce repli qui a mis en difficulté le 130ème Régiment d'Infanterie de Frédéric BLANCHARD.

 

Ensuite, les positions se figent : Â« devant notre résistance, le boche s'enterre Â» (Historique du régiment) et le 124ème Régiment d'Infanterie s'établit près de Roye, attendant l'heure de la grande offensive. Jusqu'à maintenant Eugène CHAUVIN a été chanceux. La roue tourne le 4 novembre : le régiment, au coup de canon, attaque le village d'Andechy tenu par les Allemands ; les soldats sont fauchés par les mitrailleuses et une pluie de schrapnells allemandes ; peu importe car « le spectacle est féerique Â» selon l'Historique. A la fin de la journée, on compte les morts et bléssés: 638 ; Â« la journée a été chaude Â» (Journal des Marches et Opérations). Terrible « boucherie Â»  mais, peu importe pour le commandement car, dès le lendemain, on reconstitue les compagnies !

 

                                                                                                         Léa, Enora

EPISODE II : La première bataille de l'Artois

 

La bataille d'Arras ou « 1ère bataille de l'Artois Â» est un des derniers épisodes de la « Course à la Mer Â» ; encore une fois, les Allemands sont à l'offensive : ils marchent sur Arras ; au Xème Corps d'Armée, revient la lourde mission de les stopper : quatre Bédéens perdent la vie au cours des affrontements : Joseph BOHUON et Jean Louis VILBOUX, tous deux du 41ème Régiment d'Infanterie, régiment martyr en ce mois d'octobre ; Julien LECHAUSSEE du 2ème Régiment d'Infanterie et Célestin THEBAULT du 136ème Régiment d'Infanterie; deux autres poilus du 136ème succomberont à leurs blessures: Joseph BOURNIGAULT et Jean GIRARD.

 

Le 41ème Régiment d'Infanterie est très amoindri quand il arrive dans le secteur d'Arras ; Joseph BOHUON et Jean Louis VILBOUX sont engagés dans une course de vitesse pour bloquer les Allemands ; ils ont déjà participé à plusieurs batailles très meutrières comme celle de la Marne ou de Craonne; ils débarquent le 2 octobre « après plusieurs jours de marche, suivis d'un transport en camions-autos et d'un autre en chemin de fer Â» (Historique du régiment).

Nos deux Bédéens du 41ème Régiment d'Infanterie tombent dans les terribles combats autour d'Arras entre le 3 et le 8 octobre, date à laquelle le régiment est relevé par le 2ème Régiment d'Infanterie (de Julien Lechaussée). Encore une fois, le bilan de ces journées est effroyable : le 41ème perd 2000 hommes ; il ne lui reste que 15 officiers. Mais la poussée allemande sur Arras est définitivement arrêtée. Tout sacrifice mérite un hommage, pense t-on, en haut-lieu : le régiment reçoit la citation suivante : « s'est comporté très brillamment depuis le début de la campagne, notamment aux combats de Craonne et de Neuville-Vitasse, où il a perdu les 2/3 de ses effectifs et la plus grande partie de ses officiers Â».

Jean Louis VILBOUX est mort à Neuville-Vitasse le 3 octobre : ce jour, à 7h du matin, le 41ème reçoit l'ordre de se porter à l'attaque en manoeuvrant vers le village ; il est accueilli par de violents bombardements d'artillerie lourde ; les français doivent aussi faire face à de violents tirs de mitrailleuses postées sur les hauteurs. « L'attaque est arrêtée net Â» ; les pertes sont dites « très sensibles (Journal des Marches et Opérations) ; néanmoins, à la tombée de la nuit, le 41ème tient toujours une partie du village. Le lendemain, de terribles combats s'engagent à la baïonnette et finalement, le 41ème se replie. « Il n'y a plus autour du drapeau que 650 hommes Â» (Historique du régiment) !

Il est probable que Joseph BOHUON soit aussi parmi les victimes de ses terribles journées sur Neuville car il décède des suites de ses blessures une semaine plus tard, le 13 octobre.

 

Le sort du 2ème Régiment d'Infanterie dans lequel sert Julien LECHAUSEE n'est guère plus enviable : le 5 octobre, engagé au niveau de Mercatel, il est « sérieusement menacé Â» : débordé et bombardé en permanence par « un feu extrêmement violent d'artillerie lourde Â», les hommes sont littérallement fauchés : à 11h, d'après le Journal des Marches et Opérations, il ne reste plus que 500 malheureux mais il faut quand même tenter une contre-attaque. Ce sont les ordres ! …. Terrible guerre...

Les hommes du 136ème sont aussi dans la fournaise: JEAN GIRARD et les siens n'ont pu résister longtemps aux "assauts répétés de l'ennemi" et à sa puissance de feu; sa disparition est officiellment fixé netre le 2 et 6 octbre 1914: bléssé, il est fait prisonnier par les Allemands et meurt au camp de prisonniers d'Havelberg, dans le Brandebourg, le 6 juin 1915; un autre poilu du 136ème, Célestin THEBAULT sort indemne des combats de l'automne; juste un sursis puisque c'est dans un faubourg d'Arras qu'il tombe 8 jours avant Noël 1914 ; ne devait-on pas être à Berlin pour la fin de l'année ?

Rappel des faits: Les lignes de défense s'organisent. La guerre de tranchée commence : on aménage les boyaux, construit des fortins et abris pour tenir les positions et Arras.

le front est plus calme mais au 17 décembre, le régiment passe à l'attaque sur Blangy ; on se bat désormais dans les tranchées... pour un bilan quasi-nul puisque le soir venu, à l'exception dune compagnie, les troupes du 136ème n'ont pu se maintenir dans Blangy.

Répétition générale car les grands batailles de la guerre de position menées à partir de 1915 reprennent la même dramaturgie: feu d'artillerie/assaut stérile/ repli.

Célestin THEBAULT(136ème Régiment d'Infanterie) est le dernier mort de Bédée pour l'année 1914 : il meurt dans le froid une semaine avant la Nativité.

 

Il faut signaler enfin le décès d'un troisième bédéen du 136ème Régiment d'Infanterie: celui de Joseph BOURNIGAULT, mort des suites de ses blessures à l'höpital de Tarbes, dans les Pyrénées, le 3 octobre 1914 : son registre matricule ne mentionne pas le lieu où il a été blessé ; mais il est précisé que c'est un « soldat courageux et dévoué Â» ; il reçoit, à titre posthume la Croix de Guerre et sa famille un secours de 150 francs. Il avait 29 ans.

 

 

Ceux de Bédée ont été 21 à tomber en quatre mois de guerre.

 

 

                                                                                                                    ROBIN

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