1914 - 1918:
''Ceux de Bédée''
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La retraite
Après le désastre de la bataille des frontières, les troupes françaises, sous un soleil de plomb, sont obligées de se replier, fuyant devant les Allemands ; les armées sont en pleine déroute... Les Bédéens, rescapés de la bataille des Frontières, dans leurs régiments respectifs, mettent le cap au Sud, dans des conditions désastreuses.
Charles Péguy, écrivain, mobilisé, raconte ces sombres jours; voici présentée l'atmosphère de cette retraite en s'appuyant sur ses écrits:
Tout d'abord, la confusion est générale: les soldats ne sont pas informés de la situation militaire ; les communications sont coupées ; les armées peinent à rester en contact. On peut même croire certaines villes prises alors que l'ennemi n'est pas présent.
Le régiment de Péguy a énormément marché et peu combattu. La faim assaille les soldats : ils se rendent dans les villages dans lesquels quelques civils leurs offrent du cidre et du vin. Aucun service de ravitaillement ne peut assurer les transports de vivres : les routes sont submergées de civils, blessés, ou colonnes en marche.
Bien que le manque de vivres peut pousser les malheureux au vol, les officiers s'opposent au pillage chez l’hôte. L'armée de la République ne tolère pas le brigandage sur son propre territoire. Le vol étant interdit, les hommes sont contraints de ramasser de la nourriture trouvée en chemin, comme des pommes par exemple.
Enfin, les soldats meurent de chaud. La retraite se passe en plein été, sous des conditions caniculaires. Sans boire, les soldats marchent jusqu'à 60 kilomètres/jour. En trois jours et trois nuits, sans n'être jamais ravitaillé par le train régimentaire, le régiment de Péguy effectue 150 kilomètres. Certains soldats meurent d'épuisement ; d'autres sont malheureusement contraints de piller l'habitant pour survivre...
" PRENEZ VOS DISPOSITIONS POUR DEGAGER"
Lors de ce qui ressemble à un « sauve qui peut », JEAN MOTAIS du 102ème régiment d'infanterie disparaît au combat. Nous sommes le 25 août dans le secteur de Marville; bataille "sanglante" selon l'Historique de régiment; le Journal des Marches et Opérations évoque des combats très violents depuis le 22 août; les soldats peinent à résister face à la déferlante allemande, à tel point que le Général de Division ordonnera: "prenez vos dispositions pour dégager"!
Deux autres hommes de Bédée meurent dans cet épisode tragique appelé aussi "retraite de Belgique".
FELIX BESNARD du 247ème Régiment d' Infanterie( régiment rattaché au 47ème Régiment d'Infanterie), perd ainsi la vie à Cheuveuges dans les Ardennes le 28 août : depuis trois jours, le régiment s'est retiré en arrière de la Meuse ; Félix BESNARD et ses hommes creusent quelques tranchées sommaires, qu'ils doivent rapidement abandonner face à la pression allemande. Il est probable que notre bédéen soit mort lors d'une dernière tentative de contre-attaque.
LEON ROUXEL connaîtra le même sort quelques jours plus tard ; il appartient au 70ème Régiment d'Infanterie, régiment très éprouvé déjà à Charleroi ; le 29 août, le compagnon du caporal Lefeuvre doit participer à une offensive majeure pour retarder la poussée allemande. Avec la Vè Armée du Général de Lanrezac, et en dépit de la défection anglaise, il doit « pousser l'attaque à fond » selon Joffre, venu à Marles, Quartier Général de l'Armée. La bataille de Guise s'engage le 29 août : en dépit de forces moins nombreuses, les français résistent et rejettent même les Allemands au Nord de l'Oise mais au prix de terribles pertes encore une fois : le 70ème a perdu 2418 hommes au soir du 30, jour du repli général, jour où « le corps d'armée s'écroule » (Journal des Marches et Opérations) ; parmi les victimes, LEON ROUXEL.
Le lieu et la date du décès sont fixés à Marle le 29, mais si on s'en tient aux Journaux des marches et Opérations, le 70 a été éprouvé sur les communes de Richaumont et Sains le 29 et sur Marle le lendemain. Il est possible que notre bédéen soit donc décédé le 30 et non le 29.
Dans tous les cas, la contre-offensive française échoue ; le régiment repasse l'Aisne le 2 septembre et la Marne le 4.
Politiques et militaires s'affolent face à ce qui ressemble de plus en plus à une débâcle ; c'est dans ce contexte que Joffre, se plaignant du manque de combativité des troupes, obtient du pouvoir politique un blanc-seing pour mettre en place des conseils de guerre. C'est le début d'un engrenage : on fusille « pour l'exemple » les premiers soldats ; ils seront plus de 600 du côté français à être « passés par les armes » pendant la guerre.
Chloé, Samuel