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LES OFFENSIVES DE CHAMPAGNE.

 2 batailles majeures de l'année 1915 ont pour cadre la Champagne ; Près de la moitié des Bédéens morts en 1915 tombent sur ce « champ d'honneur » ; triste reflet des hécatombes françaises : 40 000 morts en février-mars et autour de 150 000 en septembre-octobre.

 

 

 

Pourquoi la Champagne ? C'est une région « naturellement » favorable aux grandes attaques : les obstacles naturels sont mineurs, même si les bois sont nombreux. Pour Joffre, les armées françaises n'ont pas vocation à s'enterrer « éternellement »dans des tranchées ; la victoire ne peut venir qu'en prenant l'initiative. Il programme donc une grande offensive menée par la IVè Armée pour le 12 février mais les combats n'ont jamais vraiment cessé depuis la fin de l'année 1914.

 

Un 1er Bédéen succombe le 3 février : EUGENE JOSSELIN est maître pointeur au 7è régiment d'artillerie. On on sait peu de choses sur les circonstances de sa mort régiment d'artillerie ; il tombe à son poste de combat, près de Souain, et reçoit à titre posthume la médaille militaire en 1919. Il est cité à l'ordre du régiment comme « maître-pointeur calme et courageux ». On notera que ce titre n'est pas un grade mais une distinction.

L'heure de la grande offensive approche ; pourtant, il manque des canons et munitions. Les rythmes de production des usines peinent à augmenter. Joffre planifie donc une attaque ciblée : la percée du 15 « ne reposait que sur une préparation d'artillerie « de quelques heures » et sur une largeur de front restreinte à 8 kms. Joffre n'engageait que 3 corps d'armée, dont 1 en réserve ». (P. Miquel).

Sur le terrain, les poilus doivent composer avec un terrain gorgé d'eau, une boue crayeuse collante, une météorologie exécrable (il neige le 16 février). L'hiver est long et rude. Les assaillants prennent l'avantage dans les premiers jours, mais seulement sur quelques secteurs ; les allemands résistent et lancent même des contre-attaques foudroyantes ; les pertes sont terribles ; l'artillerie française ne peut rivaliser avec la force de feu allemande : « mal adaptée à la guerre des tranchées, l'artillerie de campagne ne réussissait pas à suivre exactement la progression de l'infanterie, il lui arrivait de tirer sur ses propres troupes »(M. Ferro) !

C'est dans ce contexte que tombe JOSEPH DEMAY, du 102è RI, le 24 février 1915, alors que le régiment en repos part relever leurs camarades et entre brusquement en zone de combat à Perthes-Les-Hurlus. Ce jour là, lors de l'opération exécutée avec « une bravoure inouïe »(Historique), DEMAY est porté disparu. Le régiment avait reçu l'ordre d'attaquer les tranchées allemandes à 12h, après les bombardements d'artillerie. Mais « les unités sont arrêtées par des feux très puissants d'artillerie et de mitrailleuses » ; le JMO évoque aussi des troupes « décimées » jusque dans les tranchées tenues par le 102è RI, « parfaitement repérées par l'ennemi puisqu'elles ont été creusées par lui » !; une 2è attaque est même lancée en fin d'après-midi, sans succès. Les Allemands auront même l'audace de lancer eux-mêmes un assaut à 21h obligeant les unités françaises de tête à se réfugier dans les tranchées de départ. L’opération est renouvelée le 25 et 26 février; elle coûte au régiment 653 poilus tués et blessés. Les Allemands semblent invulnérables, leur artillerie inépuisable.

 

 

L' IMPITOYABLE "BOIS DE LA TUERIE"

Il faudra attendre le 15 mars pour que Joffre ordonne l'arrêt de l'offensive de Champagne : les efforts coûteux en vie humaines n'ont pas réussi à vraiment destabiliser les lignes allemandes. En dépit de cette « pause », on meurt encore sur le front de Champagne et notamment dans le secteur du bois de la Gruerie. Cette partie de la forêt d'Argonne est âprement disputé pendant les 4 années de guerre ; c'est même sans doute un des points de la ligne de front le plus « chaud » du conflit. On s'y bat souvent dans la boue, dans des combats très rapprochés en raison du relief accidenté.

 

Plusieurs Bédéens perdent ainsi la vie dans ce bois que les poilus rebaptisent, « bois de la tuerie » : Le caporal TOUSSAINT GERNIGON du 161è RI tombe le 1er mai 1915: le schéma d'attaque reste le même : préparation de l'assaut par l'artillerie lourde puis attaque ; cette fois, ce sont les Allemands qui ont l'initiative : « la 1ère et la 2è lignes sont prises, l'ennemi arrive à la 3è ligne ; une contre-attaque immédiate nous assure la 3è ligne et nous permet de reprendre quelques éléments de boyaux et la tranchée Bagatelle »(JMO). Le scénario se répète jour après jour : attaques et périodes de répit alternent.

 

Sur le plan militaire, les résultats sont insignifiants ; sur le plan humain, Joffre a perdu 40 000 hommes.

                                                                                                 Mahia, Axel

 

 

SIMON TIENGOULT OU LA GUERRE ENTRE PARENTHESES

 

SIMON TIENGOULT, soldat du 154è RI perd la vie le 28 mai, sans doute en pleine nuit lors d'une opération de secours destiné à évacuer du front des soldats réfugiés dans un « poste démoli ». Opération périlleuse qui coûte probablement la vie à Simon TIENGOULT ; il recevra à titre posthume la Croix de Guerre avec étoile de bronze ; son registre matricule mentionne « brave soldat courageux et dévoué »... Cette nuit révèle des surprises puisque après deux tentatives d' « extraction » des soldats, on décide, du côté français de « parlementer en vue d'obtenir la liberté d'enlever les morts et les blessés » ; le JMO précise encore : « un délai d'une demi-heure fût accordé par l'officier allemand.. 4 soldats allemands et 2 soldats français déterrèrent les morts et les blessés ». L'opération dure 1/2heure, sous le regard des officiers français et allemands, postés face à face, « en avant de leur tranchée ». Pas question de fraternisation, mais pendant une demi-heure, près de Reims, la guerre s'est arrêtée.

 

Au milieu de l'été, alors qu'en haut lieu, Joffre (de plus en plus critiqué) prépare sa nouvelle offensive de Champagne, JULIEN DELABROSSE, soldat du 2ème RI, a pris lui aussi position dans ce maudit bois. Le régiment est en Champagne depuis quelques jours seulement ; il a combattu dans l'Artois depuis le mois de mai. Il doit désormais participer à la seconde grande offensive de Champagne prévue pour le 25 septembre ; simultanément, on attaquera aussi en Artois. Julien DELABROSSE meurt avant le Jour J, le 12 août : le JMO signale une « série d'engagements » dès 2h du matin et des « bombardements sur tout le front », de « vifs combats ».

Au 17 septembre, on recense 470 000 pertes françaises.En cette fin d'été tombent encore 2 Bédéens et toujours dans le secteur infernal de la Gruerie PIERRE GUILLEMAUD et PIERRE GANDON. Pierre GUILLEMAUD, du 48è RI, meurt le 12 septembre à l'hôpital auxiliaire N°2 de GrandPré des suites de ses blessures ; difficile donc de savoir précisément quel jour il est bléssé et évacué. On sait cependant que 4 jours avant, son régiment « a été en partie écrasé sur place » (Historique). Le JMO décrit ce qui ressemble à l'enfer : des compagnies qui perdent plus de 50% de leurs effectifs, « des tranchées effondrées, boyaux obstrués par les blessés »... Près de 1000 hommes tombent ce jour !

Pour sa part PIERRE GANDON, soldat du 136è régiment d'infanterie, meurt des suites d' "une plaie pénétrante par éclat d'obus » le 29 septembre à l'hôpital de Valmy de Sainte Ménéhould. Il est blessé le 21 septembre mais le JMO ne mentionne pas de combats ce jour ; on apprend par l'Historique que le régiment mène des opérations dans le secteur de la Gruerie depuis le 11 août : « Contraint par les gaz asphyxiants auxquels il est exposé pour la première fois, le régiment poursuit malgré tout l'ennemi à la grenade, s'empare ainsi de la haute lutte de la tranchée du Pavillon qui dégage ainsi la lisière sud du bois de la Gruerie »...

 

On le voit, la bataille de Champagne ne s'est jamais vraiment interrompue depuis le mois de février ; à la Gruerie, les soldats ont connu l'enfer ; les combats ont été démentiels : on attaque son « voisin » situé à quelques mètres ; la baïonnette ou le poignard sont largement utilisés lors des assauts. Après le 25 septembre, le calvaire va se poursuivre. ..

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