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LES EPARGES ACTE II

Bédée a déjà perdu 2 de ses enfants aux Eparges en 1914 ; en 1915, 2 autres tombent : Julien THUAL du 132è et Jean PORTEUX du 106è ( régiment de Maurice Genevoix, auteur du livre « ceux de 14 »).

 

Les deux hommes viennent renforcer les troupes durement éprouvés en ce début d'année 1915. En effet, à partir du 17 février les 2 régiments mènent des assauts répétés pour tenter de reprendre le contrôle de cette crête stratégique. On se bat au corps à corps.

« Le 20 février, 300 tués au 106è, 1000 blessés, plus de la moitié des hommes hors de combat. Faut-il continuer ? « Qu'ils tiennent, dit le colonel, qu'ils tiennent quand même, coûte que coûte »....Voilà pourquoi sont morts en 5 jours et 5 nuits de furieux combats les fantassins de Reims et de Châlons » (P. Miquel).

Le 14 mars, THUAL et PORTEUX arrivent en renfort. Le 18, c'est leur baptème du feu : ils participent à la 2è grande attaque ; le 27 mars, une 3è attaque générale est lancée. En vain, car les quelques mettent pris à l 'ennemi sont aussitôt réinvestis par les Allemands. Autour d'eux, des camarades déchiquetés par l'artillerie allemande ou égorgés par les troupes bavaroises. La mort est partout.

La 4è et fatale offensive commence à partir du 5 avril. Les régiments de THUAL et PORTEUX sont encore en première ligne ; les combats s'engagent ; la progression est très difficile en raison du « feu très meurtrier de fusils, mitrailleuses et de torpilles de très gros calibre... De plus, la pluie a détrempé le terrain » (JMO 132è). à la fin de la journée, les français tiennent l'essentiel de la crête (position C acquise) mais les Allemands ne renoncent pas et attaquent à deux reprises dans la nuit. Julien THUAL disparaît le lendemain : « vers le petit jour, les Allemands débouchent de droite. Cette attaque brusque sème la panique dans les fractions du 106è RI. qui perdent les gains de la veille. Cependant, la marche de l'ennemi est enrayée »(JMO) ; Julien n'est pas retrouvé. En 1934, officiellement, il est encore porté disparu ! Le régiment envoie 150 francs à la veuve épleurée.

Pendant cette offensive, le 132è et la 106è attaquent de concert. Jean PORTEUX vit le même enfer : le 6, comme le 132è, ils abandonnent du terrain mais parviennent à reprendre le point C « malgré de violents barrages d'artillerie lourde»(JMO) ; on fait même prisonnier un officier et 15 grenadiers allemands. PORTEUX ne dort pas cette nuit-là avec les fusillades et bombardements intermittents. La mort de Jean est fixée au lendemain mais officiellement, il est fait prisonnier : une violente contre-attaque a lieu vers 13h30 ; on se replie mais le bataillon « reprend ses positions initiales ». Le secteur se calme. C'est peut-être en revenant sur ce point C que ces compagnons se rendent compte de sa disparition. Jean PORTEUX avait 32 ans.

 

Jusqu'au 10 avril, les Allemands s'essayent à reprendre la crête. L'écrivain Maurice Genevoix (Ceux de 14 » est grièvement blessé de deux balles dans la nuit du 24 au 25 avril, tout comme son « homologue » allemand, Ernst Junger (« Orages d'Acier »).

 

Les Eparges sont bien « Verdun avant Verdun » car c'est le symbole même de la guerre de tranchée : l'artillerie joue un rôle clé dans la préparation des assauts ; en même temps, « elle montre aussi son, impuissance à réduire totalement l'adversaire, comme cela sera également constaté l'année suivante, aussi bien à Verdun que dans la Somme »(Dictionnaire de la Grande Guerre).

 

                                                                                                                 Christopher DUPONT

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