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LES BATAILLES DE L'ARTOIS

 

A l'automne 1914, lors de la « course à la mer Â», de nombreux combats avaient opposé Franco-britanniques et Allemands dans le secteur d' Arras. On parle de première bataille de l'Artois.

En 1915, ont lieu les deuxième (mai-juin) et troisième (fin septembre-octobre) bataille de l'Artois.

L'état major français et les milieux politiques rêvent encore d'offensives décisives qui viendraient bousculer les Allemands et soulager l'allié russe. La guerre de mouvement n'est pas morte entend-on, mais les Allemands vont enterrer toutes les illusions françaises. C'est déjà le cas en Champagne, offensive terrible qui laisse sur le champ de bataille 40 000 français. « Joffre a t-il pu imaginer une nouvelle tactique pour les opérations en Artois?... On a seulement prévu un front deux fois plus large, pour pouvoir faire monter en ligne un plus grand nombre d'assaillants Â» (Pierre Miquel, Les Poilus). Des hommes donc, toujours plus d'hommes pour compenser l'infériorité de l'artillerie. Le bilan de ces offensives sera effroyable et sans aucun résultat probant.

 

Ceux de Bédée paient aussi le prix fort lors de ces combats engagés en Artois en 1915 : 14 décès. Mais il faut aussi ajouter ces 3 Bédéens morts de maladies. Les conditions sanitaires se dégradent rapidement avec les « mauvais jours Â» ; ceci, d'autant plus que l'on néglige l'aménagement des tranchées tant on est déterminé à passer à l'offensive. Joseph DEMAY succombe le 3 janvier 1915 d'une fièvre typhoïde à l'annexe (30 lits) de l'Hôpital d'Abbeville. Nous sommes à quelques kilomètres, tout près de la mer, à Saint Valéry Sur Somme. Il y a aussi ce bédéen de 44 ans, Victor MAUDET, atteint d'une  bronchite ou pleurésie qui meurt le 21 avril 1915. Il avait été rapatrié sur Guer (56), à moins de 50 kilomètres de Bédée. Enfin, Paul BENOIST, atteint d'une tuberculose miliaire aigüe c'est-à-dire la pneumonie tuberculeuse (réputée plus dangereuse qu'une bombe bactériologique en raison de la contagion), décède à l'hôpital mixte de Sens/Yonne.

 

Les 14 autres de Bédée tombent tous dans le secteur d'Arras, chef-lieu du département du Pas-de-Calais. On parle aussi de Â« martyr d'Arras Â» tant la ville et ses environs ont été la proie de bombardements incessants et de combats acharnés jusqu'en 1918.

Arras a été arraché aux Allemands à l'automne 1914 (voir « la course à la mer Â») mais l'ennemi campe aux portes de la ville, notamment sur les collines de Vimy et de Notre-Dame de Lorette. Les préparatifs de l'offensive, en coordination avec les Britanniques, se poursuivent en mars et avril 1915 ; on a retenu la leçon de l'offensive de Champagne du mois de mars : on ne peut faire la différence sans un soutien plus massif de l'artillerie, à savoir le renfort de 400 canons de gros calibre. Les troupes se concentrent à l'arrière de la Xè armée. 

 

 

COUAPEL, GUILLEMOT VICTIMES DE LA GUERRE DES MINES

 

Julien COUAPEL, 38 ans, rejoint le front en octobre 1914 ; il appartient au 41è Régiment d'Infanterie de Rennes et participe à la reconstitution du régiment au lendemain des terribles combats de Neuville-Vitasse. La progression des Allemands a été enrayée mais le 41è en a payé le prix fort : 2000 morts en seulement 6 jours de combat. Parti de Rennes le 13 octobre, il arrive en renfort le 15 avec 2100 bleuets. La guerre est de courte durée pour notre bédéen puisqu'il décède moins de 6 mois plus tard, le 6 mars 1915. Depuis le 25 février, le 41è est installé dans le secteur d'Ecurie, au Nord d'Arras. Il fait la connaissance de la guerre des mines « qui lui causera des pertes sérieuses Â» précise l'Historique de régiment. Le Journal de Marches et Opération évoque l'emploi des « minenwerfer Â» ou « mortiers de tranchée Â» pour détruire les abris enterrés, une arme privilégiée dès que l'on est entré dans la guerre de tranchée. Si le JMO mentionne « rien à signaler du 1er mars au 10 mars inclus Â», le destin de Julien COUAPEL est scellé le 4 mars : blessé par un éclat d'obus, il est évacué. Son registre matricule indique « plaie côté et bas gauche Â» ; il meurt le 6 à l'hôpital d'évacuation N°5 à Aubigny en Artois.

Jean GUILLEMOT, le couvreur de Bédée, âgé de 35 ans, meurt dans des circonstances un peu similaires. Il appartient au 70è R.I. (régiment du caporal Pierre Lefeuvre, voir 1914 Charleroi) engagé comme le 41è autour d'Arras. Lui aussi découvre la guerre des mines à la fin de l'hiver, dans le secteur de Roclincourt à quelques kilomètres de Julien COUAPEL. Il est d'ailleurs victime d'une mine quelques jours avant son camarade, le 1er mars. Il est atteint à la tête (« plaie au cuir chevelu Â» précise son registre matricule). Les casques en acier ne sont pas encore arrivés sur le front. Evacué vers l'ambulance anglaise de Boismont, on ne parvient pas à le sauver ; il agonise près de trois semaines avant de décéder le 26 mars « suite aux maladies liées aux blessures Â» (registre).

 

HECATOMBE POUR LES BEDEENS DU 41è et 70è.

 

Victor MINARD, compagnon de régiment de Jean Guillemot et du caporal Lefeuvre est sorti indemne du piège de cette guerre des mines ; le 9 mai 1915, jour J de la grande offensive, il est en première ligne à Roclincourt avec 3 compagnies. L'ordre de mission est clair : franchir sans s'arrêter les premières et secondes lignes allemandes, les grenadiers précédants les assaillants. Joffre a martelé que l'attaque générale « nécessite des exécutants persuadés que la guerre de tranchée peut et doit finir Â». Mais rien ne se déroule comme prévu : on franchit bien les premières lignes mais ensuite les compagnies sont littéralement fauchées. Le JMO parle d'une compagnie « décimée cruellement Â» ; deux autres « arrêtées par des fils de fer et défenses accessoires presque intactes sont presque complètement anéanties Â»! Et il n'est que 10 heures du matin ! Au soir de cette terrible journée, le bilan est lourd : Â»pertes en tués, blessés et disparus : 1797 hommes et 24 officiers.

Victor MINARD est porté disparu, « tué à l'ennemi Â». Comme ses camarades, il a été envoyé à une mort presque certaine puisque les Allemands connaissaient les plans français et avaient en conséquence avancé leurs batteries et renforcé leurs secondes et troisièmes lignes. Chronique d'une hécatombe annoncée....

 

Pierre SOTINEL est le suivant sur la liste des sacrifiés : il est tué le lendemain, le 10 mai 1915. Son régiment, le 41è d'infanterie (régiment de Julien COUAPEL) prend la relève du 70è à 13h. Après une préparation d'artillerie (à laquelle répodent les batteries allemandes), à 17h, le régiment reçoit l' Â« ordre brusque d'attaquer Â»(JMO). Sans résultat puiqu'une « grêle de balles Â» déciment les deux compagnies engagées soit ¾ de leurs effectifs. L'heure du décès de Pierre SOTINEL est fixé à 19h ; Nul doute que notre bédéen a paticipé à cette  attaque suicidaire puisque son registre matricule porte la citation suivante : « soldat brave et plein d'entrain. Mortellement frappé en se portant à l'attaque des tranchées ennemies Â». On lui attribue la Croix de Guerre avec étoile d'argent et 150 francs sont alloués à sa mère... L'impôt du sang.

 

Pierre Miquel ( Les Poilus) constate : on assiste à une réédition de l'échec de la première offensive[celle de Champagne en mars], mieux préparée, plus ample en moyens, mais tout aussi meurtrière Â». On a bien conquis quelques positions mais à quel prix ? Joffre s'obstine considérant qu'il faut faire la différence car, à l'est, les Russes sont au plus mal. Les troupes repartent donc incessamment à l'assaut et à chaque fois l'artillerie lourde allemande anéantit les espoirs de progression ; il faut compter aussi avec les pluies diluviennes. On s'enfonce jusqu'au genou dans cette boue collante.

Les attaques se poursuivent jusqu'au 19 juin et 7 de Bédée tombent dans ces terrains détrempés entre le 06 et le 19 ! Ils sont tous arrêtés par les ouvrages imprenables de Roclincourt, du Labyrinthe, d'Ecurie....

 

« Brave soldat, tombé glorieusement pour la France Â». Il s'agit ici d'Eugène RENARD, lui aussi du 41è R.I. (plus précisément de son régiment de réserve, le 241è). Le 27 mai, son régiment est relevé par le 70è. Pour quelques jours seulement puisque dès le 6 juin, les troupes sont de nouveau en poste à Roclincourt. L'heure n'est pas à l'offensive. On s'accroche au sol du Nord et subit encore les bombardements de l'artillerie allemande. Le 8 juin, Eugène RENARD meurt avec 24 autres de ses camarades. Il reçoit la Croix de Guerre avec étoile de bronze.

Dix jours plus tard, c'est au tour de Louis JOSSELIN de disparaître dans le Pas-de-Calais. Notre bédéen est arrivé en renfort le 18 mai. Ce jour là, le régiment est encore sous le choc du pilonnage allemand : Â«  le bombardement allemand augmente d'intensité et cause de nombreuses pertes. On travaille à la construction de niches individuelles pour garantir un peu les hommes Â» explique le JMO. Le calvaire se poursuit mais le 41è finit par être relevé. On manque d'hommes, de canons lourds, de vivres et d'eau.

Mais l'état-major persiste et signe. On décide après un court répit de lancer toutes les forces dans la bataille, troupes d'élite et jeunes recrues (comme Louis JOSSELIN). Après une période d'instruction d'un mois, le régiment rejoint son secteur pour relever le 70è R.I. de Vitré et passe aussitôt à l'attaque. Nous sommes le 16 juin. Le 1er bataillon avec Louis JOSSELIN est en soutien ; le 2nd bataillon est en première ligne prêt à entrer dans la fournaise. « La première vague d'assaut saute dans la tranchée allemande mais hélas! tous les hommes et officiers devaient être tués ou faits prisonniers. La deuxième vague reste accrochée aux fils de fer, arrêtée par un violent tir de barrage de l'artillerie allemande Â» constate l'Historique du régiment. Louis JOSSELIN et sa compagnie (la 4è) ne peuvent prêter main forte à leurs camarades tant le feu allemand est infernal. Il est possible que Louis soit blessé lors de ces évènements ; il est déclaré blessé le 15 mais cette veille d'attaque, son régiment met en place son dispositif et aucun blessé ou mort n'est déploré. Quoiqu'il en soit, notre bleuet « blessé à son poste de combat à Roclincourt Â» est évacué et décède des suites de ses blessures le 19 juin à l'ambulance N°7 de l'hôpital du Saint Sacrement d' Arras. Il reçoit à titre posthume la Croix de Guerre avec étoile de bronze. Son régiment est relevé le 5 juillet.

 

Enfin, Jean NOGUES est « blessé aux deux jambes par éclat d'obus Â» (registre matricule) juste aavnt d'être relevé. Nous sommes le 4 juillet et depuis quelques jours l'artillerie allemande s'est réveillée à tel point qu'une bonne partie des tranchées se trouve comblée ! Blessé, Jean NOGUES décède le 30 juillet à l'Hôpital mixte de Saint Germain-en-Laye.

 

 

 

LES TROIS BEDEENS DU 47è R.I. DE SAINT MALO ET L'ENFER DU «  LABYRINTHE Â»

 

Ce régiment s'est déjà illustré dans des batailles terribles comme celle de Charleroi, de la Marne ou d' Arras à l'automne 1914. « Jusqu'au 27 avril, le 47è reste en secteur, mène une rude existence dans la boue de l'Artois et en contact direct avec l'ennemi Â» indique l'Historique du régiment. Il est placé quelques jours en réserve avant de revenir en première ligne au Nord d'Arras, vers Chantecler et Saint Laurent en vue de l'attaque générale du 9 mai.

Très éprouvé par les combats, il est relevé entre le 2 et le 5 juin, mais aussitôt renvoyé au front . L'objectif : Le Labyrinthe, véritable forteresse allemande, un ensemble titanesque de tranchées, de boyaux, d'abris-cavernes, de blockaus. Il n'est plus question ici de manÅ“uvres d'envergure mais de grignottage, boyau par boyau, à la grenade, au mortier ou à l'arme blanche. 400 poilus du 47è tombent dans ce dédale.

Pour Bédée, la série noire commence avec la mort de Joseph ALIX de la 3è compagnie. Il tombe peu après le début de l'offensive fixée au 6 juin. Ce jour là, dès les premières heures, on se rend bien compte que la partie engagée est loin d'être gagnée : « l'attaque commence au lever du jour à coups de « pétards Â» et de grenades. A 11h15, elle a progressé d'une trentaine de mètres Â» constate le JMO.

Quelques dizaines de mètres en plus de 6h de combat ! C'est au 2è bataillon de s'illustrer d'abord en enlevant « le triangle Â» au prix de grosses pertes ; le 7, il est relevé par le 3è bataillon d'un autre ALIX, Emile, de la 12è compagnie.

Quant à Joseph ALIX, posté sur le « front défensif Â», il est tué à Ecurie.

Au 11 juin, le 47è a déjà perdu 472 hommes. Le régiment est relevé et renconstitué par l'arrivée de 200 renforts. Le bataillon d' Emile ALIX est désigné pour participer à la prochaine attaque avec le 25è et le 236è. Les Allemands font face et lancent même une contre-attaque le 13. 170 pertes ce jour et c'est peut-être lors de cette journée qu' Emile ALIX est gravement blessé puisqu'il décède le lendemain à l'ambulance 3/53 à Avesnes Le Comte des suites de ses blessures.

 

Enfin, Emile HEARD est porté disparu le 16 juin. Nous ne connaissons pas son bataillon de rattachement mais on apprend par l'Historique du régiment que ce jour là, « le 3è bataillon est mis en réserve et, à midi, les deux autres bataillons attaquent, la charge sonnée par les clairons Â». Ils constituent « la tête d'attaque Â» (JMO).

Chronique d'une catastrophe ! On perd déjà des hommes avant même le début de l'assaut. Le JMO détaille cette journée en enfer: Â« Ã  midi 15... l'attaque est déclenchée. Elle est presque immédiatement arrêtée. La 2è Cie se heurte en effet aux fils de fer qui sont intacts. Les hommes essaient de les couper et de les franchir mais ils tombent au fur et à mesure Â».... à droite une autre compagnie « est clouée au sol par le feu des nombreuses mitrailleuses Â». Et malgrè la riposte de l'artillerie française, « la progression est impossible Â», les compagnies sont décimées mais peu importe, à 16h, on reçoit l'ordre « de prononcer une nouvelle attaque Â». Quelques lignes de tranchées sont prises mais ce mouvement est ephémère puisque les Allemands contre-attaquent. Et on insiste encore puisque vers 23h, une nouvelle attaque a lieu et aboutit aux mêmes résultats puisque « l'ennemi l'a prévue Â» ! Du 13 au 17 juin,le 47è a perdu 525 hommes !

Au total, les pertes (morts, blessés, disparus) atteignent près de 90 000 hommes pour la mince période du 6 mai au 18 juin !

 

 

L'HEMORRAGIE CONTINUE : Pierre LUCAS, François NOGUES, Eugène LEFEUVRE

 

Plusieurs bédéens disséminés dans d'autres régiments perdent la vie dans cette offensive d'envergure mais stérile (au mieux, on a gagné 4 kms). Tout comme Emile HEARD, Pierre LUCAS du 71è R.I. est « tué à l'ennemi Â» le 16 juin dans le secteur de Saint Nicolas, à quelques kilomètres au sud de Roclincourt et du Labyrinthe.

Depuis le 12, il est cantonné dans le secteur de Chantecler et se prépare à partir à l'assaut. A12h14, ce 16 juin, 6 compagnies s'élancent d'un même élan, « coude à coude Â». La progression est réelle mais bientôt les Allemands ripostent par des « tirs de barrages d'artillerie des plus violents et des jeux de mitrailleuses serrés Â» ; dans les tranchées s'engagent des « corps à corps à coups de grenades et de pétards Â» ; les Allemands passent à la contre-offensive. Impitoyable : le JMO parle de « débris de compagnie Â», toutes les lignes téléphoniques sont détruites, les Allemands réoccupaient en grand nombre les tranchées occupées et engageaient une action par le feu avec nos mitrailleuses et les défenseurs de nos tranchées s'efforcent de tirer sur nos blessés tombés entre les deux camps. On meurt dans les tranchées, on agonise dans le no man's land... Pierre LUCAS fait partie des sacrifiés de cette journée ; pour les rescapés, le répit est de courte durée puisque dans la nuit du 16 au 17, ordre est donné de « reprendre l'attaque par surprise Â» (JMO).

 

3 jours plus tard, François NOGUES du 57è bataillon de chasseurs à pied fait encore partie de ces victimes de l'offensive du 16 juin. Avec ses compagnons d'infortune, il est en poste dans le secteur du bois de Bertnonval, en réserve des troupes engagées ce jour. François NOGUES, aux avant -postes, reçoit l'ordre « de relever les unités de 1ère ligne, très éprouvées, des 7è tirailleurs et des 4è zouaves Â» (JMO) ; lors de ce mouvement, sa compagnie, la 8è subit quelques pertes « du fait des mitrailleuses prenant d'enfilade le fond du talweg du bois des Ecouloirs Â». François est peut-être blessé à ce moment. Si c'est le cas, il n'a pas assisté à « l'incident Â» qui suit : « derrière la 8è Cie, des tirailleurs qui se trouvainet hors du boyau apercevant une trentaine de soldats allemands sans armes, qui venaient en courant le long du boyau International, ouvrirent le feu sur eux Â» (JMO) !

François NOGUES est sans doute blessé ce jour ou les jours suivants, étant toujours en 1ère ligne et exposé aux bombardements allemands. Il meurt le 19 des suites de ses blessures à Villers-Châtel.

 

Enfin, Eugène LEFEUVRE succombe lui aussi des « suites de blessures Â» le 12 juillet, le jour même de son anniversaire, le jour de ses 20 ans ! Il avait jusque là réussi à sortir indemne du Labyrinthe, « un secteur où il faut mordre l'Allemand sans relâche pour l'empêcher de nous sauter à la gorge Â» clame l'Historique du 48è. Et de poursuivre, « Le régiment passe là dix jours que ceux d'alors n'ont pas oubliés ; veillant et travaillant sous un bombardement incessant, combattant à la grenade et au fusil dans un sol empesté de cadavres décomposés, d'amis et d'ennemis ; sa ténacité ne s'est pas démentie un seul instant pendant ces sévères journées. Les pertes causées aux Allemands furent telles que ces derniers baptisèrent les soldats du 10e corps du titre de " Bouchers du Labyrinthe ".

 

 

PIERRE DESBOIS ET LES MARTYRS DE SOUCHEZ

 

Les attaques en Artois reprennent à la fin du mois de septembre (tout comme en Champagne) selon le même schéma périmé. Et encore une fois, on ne peut compter sur l'effet de surprise. Les Allemands connaissent les plans d'attaque français et renforcent leurs lignes en déployant des nouvelles batteries d'artillerie lourde arrivées de Russie. « Un nouveau carnage se prépare Â» écrit Pierre Miquel (Les Poilus). Et ce n'est pas le renfort de la 1ère armée britannique qui va changer la donne.

 

Pierre DESBOIS, du 41è Régiment d'Infanterie Coloniale, « parti aux armées Â» en novembre 1914 a déjà une longue expérience de militaire ; en 1898, il s'était engagé comme volontaire pour 4 ans dans les troupes coloniales ; il fait partie des « vieux soldats Â», il est âgé de 35 ans en 1914. Il tombe lors des « magnifiques attaques Â» (Historique) sur Souchez du 1er au 3 octobre. Nous sommes entre la Falaise de Vimy et Notre Dame de Lorette. A Souchez, le régiment perd en 2 jours, 28 officiers et 1160 soldats. Une hécatombe de plus !

« Le 41è reçoit l'ordre d'attaquer ; il a pour mission de s'emparer des deux boyaux reliant le fortin au boyau de Kiaou Tchéou Â» explique l'Historique du régiment. 3 vagues d'assaut se succèdent lors de la journée du 1er octobre. Malgré un « esprit offensif remarquable Â» (JMO), l'échec est total. Seule la compagnie de Pierre BESBOIS, la 24è, a pu progresser. Mais notre bédéen a vécu l'enfer, pris en permanence dans un « feu terrible Â». Au soir, il est indemne. Notre miraculé de la journée tombe le lendemain, journée relativement calme pendant laquelle on consolide les positions avant la prochaine attaque fixée au lendemain. Pierre DESBOIS fait partie des 9 tués de la journée.
Il n'assiste pas le lendemain à la poussée française et aux « nombreux traits d'héroïsme dont la plupart resteront anonymes Â» (JMO).

Souchez est repris mais est comme rayé de la carte : Â« Le village a disparu. Jamais, je n'ai vu une telle disparition de village Â» écrit Henri Barbusse dans Le Feu.

 

Malgré se succès, la 3è bataille de l'Artois est un échec. En dépit de la supéririté numérique des Alliés, on ne parvient pas à percer. Les Allemands restent accrochés à la terre du Nord.

 

 

Enfin, un bédéen tombé lui aussi en 1915, reste un peu un mystère. Il appartient au 317è R.I. mais nous n'avons ni l'Historique de régiment ni le JMO. Il s'agit d'Armand GAUTIER tombe sur le front de l'Oise le 13 septembre 1915. Nous sommes à Tracy-Le-Mont et depuis le mois d'août 1915, les habitants ont évacué le village tant les bombardements sont fréquents.

 

 

« En Artois et en Champagne, les Alliés avaient perdu 250 000 hommes, tués, blessés ou disparus, contre 140 000 Allemands Â» ; et depuis le début de la guerre, à l'image de la France, Bédée a laissé sur le champ de bataille près de 50% de ses pertes totales. Etait-ce pour autant la fin des grandes offensives stériles ?...

 

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