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 « La progression de l'ennemi est incessante lui disait Joffre. A votre avis, Nivelle, quel est le meilleur remède pour l'enrayer ?- Prendre constamment l'offensive mon général. »(Pierre MIQUEL, Le chemin des Dames)

 

Nous sommes au printemps 1917; Nivelle est désormais à la tête des armées françaises, en remplacement de Joffre, "sanctionné" pour ses échecs à répétition. "Il est alors présenté comme le vainqueur de Verdun, son nom est contamment associé dans la presse à la reprise de Douaumont. Il passe pour posséder la recette de la guerre moderne, la synchronisation des armes et l'emploi de spécialistes de l'attaque... Après Joffre l'immobile, voici l'oiseau rare paré de toutes les vertus" (Pierre Miquel, "les poilus"). A ses yeux, "la guerre moderne" repose sur une puissante artillerie au service de troupes formées à "marcher, courir, bondir, se tapir  par petits groupes mais surtout à dégoupiller les grenades, à mettre en batterie les mitrailleuses portables". La conception de la guerre change, mais, au final, le résultat sera catastrophique: 200 000 morts au Chemin des Dames, dont près de 100 000 lors de l'offensive Nivelle (16 avril-29 juin). Et dire que Nivelle avait promis de stopper tout, si les troupes ne faisaient pas la différence dans les 48 heures!

 

 Nivelle est convaincu de la victoire. On pêche par excès de confiance avant même d'avoir débuté l'Offensive. Nivelle veut faire oublier le passé et ainsi prouver sa valeur; il entend appliquer cet esprit nouveau de la guerre,ces nouveaux procédés de combat qui doivent apporter enfin la victoire. "Le Chemin des Dames, ses grottes nombreuses où se tapit l'ennemi, ses fortfifications bétonnées ne l'arrêtent pas. le relief tourmenté, la barre rocheuse coupée de ravins ne lui semblent pas plus imprenables que les hauteurs ravagées de Verdun"(Pierre Miquel), d'autant plus que l'offensive s'appuyera sur les régiments les plus expérimentés et aguerris...Avant le 16 avril, Nivelle a mis toute son armée en mouvement dans un ordre impressionnant". Mais avec leur l'aviation, les allemands sont informés de toute cette concentration de troupes et se préparent à  contrer l'Offensive Nivelle", authentique marche vers l'abattoir!

Quatre soldats Bédéens tombent entre le 16 avril et le 29 juin: ARISTIDE GRIVEL, PIERRE CHEVESTRE, PIERRE ROULE, LEON HUBERT

Mais à cette liste, il faut ajouter le nom de FRANCOIS TOUBEL, fauché le 1er avril; même avant le début de l'offensive Nivelle, le front reste le front et on y meurt tous les jours.

 

Le 62è Régiment de François TOUBEL arrive dans le secteur du Chemin des Dames le 19 mars pour relever le 355è et monte en première ligne. Il participe à des "coups de main" sur les tranchées allemandes avant de prendre part à un assaut, le 1er avril à 9h: les hiommes s'élancent dans un "élan superbe" (Historique), progressent et parviennent à prendre le contrôle d'un village; François TOUBEL tombe mortellement blessé, sans doute lors d'une contre-attaque allemande très violente; son registre de décès précise: "vu les circonstances du combat, il ne nous est pas possible de nous assurer de la réalité du décès".

Son régiment poursuit sa route et rejoint le Chemin des Dames le 17 avril pour appuyer la grande offensive.

 

 

GRIVEL ET LA PREMIERE ATTAQUE DE BLINDES DE L'HISTOIRE 

 Aristide  GRIVEL fait partie de la première vague d'assaut du 16 avril; il a été incorporé au 151e régiment d'infanterie le 29 septembre 1915. Ce régiment s'estr illustré à Verdun combattant "la rage au coeur" et sera reconnu comme troupes d'élite. Il est donc tout indiqué pour participer au premier assaut du Chemin des Dames.

Aristide Grivel est brancardier.

Le plan d'attaque est soigneusement préparé, par vagues d'assauts successives; le 151è doit s'emparer da la ferme du Choléra, un observatoire naturel. C'est de là, que l'on assistera au premier déploiement de chars de la première Guerre Mondiale, ceux du Commandant Bossut. Un ancien raconte:"je les verrai toujours, spectacle hallucinant, poursuivis par l'artillerie ennemie, s'enflammant les uns après les autres... les équipages sortant en flammes, de leurs chars, et torches vivantes, courant dans la plaine". Le 151è et les 128 chars alignés  progressent ce jour, enlèvent plusieurs tranchées, parfois abandonnées par les Allemands, terrorisés à la vue des chars.

Au soir de la première offensive, il ne reste que 47 blindés. Les Allemands en concluent qu'il est inutile de recourir à cette arme nouvelle, cible facile pour l'artillerie. Sur le reste du front, les résultats sont aussi  bien médiocres. Pierre Miquel explique: "les plateaux de Vauclerc et de Californie sont imprenables. Les hommes s'y épuisent. L'artillerie française presque totalement aveugle tire sur ses propres troupes". Les troupes se sont fait massacrer: en quelques heures, on perd près de 7 000 hommes.

Aristide GRIVEL, de la 7è Compagnie, disparaît ce jour; son registre de décès mentionne: "vu les circonstances du combat, il ne nous est pas possible de nous assurer de la réalité du décès"... Pris dans la fournaise, que pouvait-il faire, pauvre brancardier perdu au milieu des corps déchiquetés? 

 

Le lendemain, on tente une nouvelle fois de percer, mais les hommes s'écroulent lors des assauts menées contre des positions ennemies imprenables. Les mitailleuses allemandes sont à la fête, les soldats peinent à progresser en terrain découvert, les bottes alourdies par la boue collante et les fusils souvent enrayés par la glaise. 

Le 20 avril, l'offensive est suspendue; les poilus pensent que le Commandement a renoncé; mais Nivelle reste à son poste malgré son échec et entend relancer l'offensive dans les jours suivants.

 

Pierre CHEVESTRE n'a pas participé à cette offensive du 16 avril; avec le 67è régiment d'infanterie, il est resté en réserve mais monte en ligne dans la nuit du 19 au 20. Ensuite, il organise son secteur, près de Berry-au-Bac. A deux reprises déjà, notre bédéen a dû être évacué du front; il souffre notamment de surdité depuis son passage à Verdun en 1916. 

Une nouvelle offensive est prévue pour le 5 mai; Pierre CHEVESTRE trouve la mort le 30 avril; il fait partie des deux décès du jour de son unité. Le Journal de Marche et Opérations  insiste sur l'intensité des bombardements allemands ce jour et signale "aucune action d'infanterie". Encore une victime de cette mort anonyme (par bombardement) comme 70% des "tués à l'ennemi" de cette guerre.  

 

La prochaine offensive débute donc le 5 mai. PIERRE ROULE, du 62è Régiment d'Infanterie, doit de nouveau partir à l'assaut des plateaux et pousser ses unités jusqu'à Ailles.

"A 5h15, tout le régiment se porte à l'attaque d'un seul élan. Il réussit à progresser jusqu'à la tranchée d'Essen capturant une centaine de prisonniers et plusieurs prisonniers" (Historique) mais ebnocre une fois, l'artillerie allemande s'avère redoutable. Le régiment subit au cours de la journée des pertes considérables, près de 900 hommes et 40 officiers. Pierre ROULE est tué dans ce nouvel assaut du Chemin des Dames. Les renforts allemands massacrent les troupes; à cetrtains endroits, on compte une mitraileuse tous les dix mètres. "Un mur de feu. Et l'attaque reprenait néanmoins le 6 mai avec une inutile obstination" déplore P. Miquel.

 

 

LEON HUBERT est le dernier de Bédée à tomber lors de cette offensive Nivelle, le 26 mai. Nous n'avons retrouvé ni l'Historique, ni le JMO; on sait seulement qu'il a a été touché par un éclat d'obus ce jour. Il est cité comme étant "dévoué et extrêmement cobnsciencieux".

 

En cette fin de mois de mai, on signale de plus en plus des cas de déserteurs, fatigués d'être envoyés au "casse-pipe". Le plus souvent, il s'agit de refus de remonter en première ligne. On a sans cesse répété aux soldats que cette bataille serait la dernière... Le Commandement fait fonctionner les Conseils de Guerre pour étouffer ces révoltes qui s'étendent progressivement de Soissons à Aubérive en Champagne. 554 condamnations à morts seront prononcées; une cinquantaine de soldats seront  passés par les armes.

Pétain, aux commandes depuis le 15 mai(il vient de remplacer Nivelle), joue aussi la carte de l'apaisement: il suspend les offensives inutiles et s'efforce d'améliorer le quotidien des poilus et de mieux organiser le système des permissions.

Aucun des Morts pour la France de Bédée ne connaîtra de lourdes condamnations; par contre , certains poilus seront jugés pour des gestes de rébellion, comme ce coup de poing donné par un bédéen à un supérieur.

 

 

Deux autres Bédéens trouvent encore la mort au Chemin des Dames, à quelques jours d'intervalles; nous sommes déjà loin des grandes offensives du printemps mais on meurt encore dans l'Aisne au milieu de l'été. 

Ainsi, DESIRE CHEVILLON perd la vie le 1er août; pour la troisième fois, son régiment, le 28è Régiment d'Infanterie monte en première ligne; il vient d'être reconstitué "hâtivement" et dès son arrivée, doit faire face à une violente attaque allemande: l'Historique évoque "un bombardement d'une violence inouïe" le 31 juillet. Même les pigeons voyageurs sont asphyxiés selon le même Historique! Le 28è tente de reprendre l'initiative, de contre-attaquer mais les pertes sont lourdes. La nuit ne ramène pas le calme sur le front. Le JMO fixe presque heure par heure les évènements du 1er août ce qui témoigne des incessants accrochages entre belligérants. Désiré CHEVILLON  et plus de 800 hommes sont tués lors de ces deux journées.

Cinq jours plus tard, le caporal JEAN MARIE HOUEE est tué à son tour à  Braye-en Lannois. Il appartient au 69è Régiment d'Infanterie signalé au même moment en Lorraine??? Nous recherchons encore l'erreur de transcription...

 

                                                                                                                      Léa, Enora

 

 

Général Nivelle (Library of Congress)

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