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Rossignol: Jeu de massacre pour les troupes coloniales*

AOUT 1914:

Trois de Bédée rejoignent Cherbourg pour intégrer le premier régiment d'infanterie coloniale: Ernest BOURDAIS (25 ans), Mathurin BOURDAIS (21 ans), tous les deux frères et Pierre LEMARCHAND (24 ans). Ils « embarquent Â» le 7 août par trois convois ferroviaires ; direction Paris avant de rejoindre Révigny ; on poursuit ensuite à pied en direction du front sous un soleil de plomb ; cinq hommes meurent d'insolation sur la route. La frontière belge est franchie le 21 aôut.

La menace se précise pour nos Bédéens car le 1er Régiment « a l'honneur de former la tête de l'avant-garde Â» (Historique du régiment) et s'établit donc aux avant-postes. Les Allemands ne sont pas loin puisque les soldats ont pour première tâche de mettre en fuite une patrouille de cavaliers allemands, des uhlans. Pour la nuit, on double les sentinelles...

Le lendemain, le 22 août, les deux BOURDAIS et LEMARCHAND participent à leur première bataille, première « bataille de rencontre Â» entre le 1er Régiment d'Infanterie Coloniale et les Allemands ; terrible « baptème du feu Â» puisque aucun n'en rééchappe. Au soir du 22, le Régiment n'existe plus ; il est décimé : 2 500 tués ! Et le bilan est aussi catastrophique pour le 2ème RIC et le 3ème RIC.

Cette bataille de Rossignol reste comme un des plus grands désastres de la Bataille des Frontières.

Récit d'une catastrophe annoncée :

  • un milieu naturel hostile :une seule voie d'accès, la vallée de la Sémois, entourée de murailles rocheuses, de plis et replis...

  • une tactique hasardeuse : Des Allemands attendent les Français dans la forêt, dissimulés derrière les rochers ou dans des tranchées ; d'autres se tiennent prêts à envelopper les RIC dès qu'ils auront pénétré dans la forêt ; le commandement est confiant car on pense que les Allemands sont en pleine manÅ“uvre.

Le Journal des Marches et Opérations du régiment témoigne de l'intensité des combat et des pertes subies: « des troupes arrêtées net Â», « l'intensité du feu Â», « grêles de balles Â» « lourdes pertes Â», « décimée Â». « En quelques minutes, les compagnies avaient perdu les ¾ des effectifs Â». Malgré quelques efforts pour « reporter les hommes en avant Â», le repli est inévitable, les troupes sont débordées....

 

Les Allemands entrent en France ; le 1er RIC, ou plutôt ce qu'il en reste (!), doit battre en retraite. Le Journal des Marches et Opérations du régiment nous apprend encore que, lors du repli, après la mort du porte-drapeau, un sergent s'empresse d'enterrer le drapeau du régiment plutôt que de le laisser tomber aux mains dde l'ennemi. Et, on ne sait jamais, on pourrait le récupérer au moment de la contre-offensive...

 

 

                                                                                               Christopher, Théo

* Comme le précise l'Historique du 1er Régiment d'Infanterie Coloniale, "le RIC n'est pas composé d'indigènes de notre protectorat d'Afrique du Nord... Son contingent est uniquement constitué d'hommes originaires des diverses régions de la France".

the  "Killing field"

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